mercredi 10 décembre 2025

LA CITATION DU JOUR : WILLIAM MORRIS (1884)

 "Oui: il faut encore que les ouvriers prêtent main forte à la grande invention industrielle de l'époque: la falsification, et qu'ils s'en servent afin de produire pour eux-mêmes un simulacre dérisoire du luxe des riches ! Car les salariés vivront toujours comme l'ordonnent leurs payeurs, et le mode de vie qu'ils ont est celui que leur imposent leurs maîtres.

Mais c'est perdre son temps que de vouloir exprimer l'étendue du mépris que peuvent inspirer les productions de cet âge bon marché dont on vante tellement les mérites. Il suffira de dire que le style bon marché est inhérent au système d'exploitation sur lequel est fondé l'industrie moderne. Autrement dit, notre société comprend une masse énorme d'esclaves, qui doivent être nourris, vêtus, logés et divertis en tant qu'esclaves, et que leurs besoins quotidiens obligent à produite les denrées serviles dont l'usage garantit la perpétuation de leur asservissement."


William Morris (1884) Useful work versus useless toil (Édité en anglais dans Political writing of William Morris, Lawrence & Wisclart Ltd; et traduit sous le titre Travail utile ou peine perdue ? dans Contre l'art d'élite, Hermann Collection Savoir).

Citation dans un texte trouvé par hasard sur Internet : "Réflexions sur écologie… industrialisme… travail "




dimanche 7 décembre 2025

Une critique du radicalisme à la petite semaine (citation)


 " Mais qu'est-ce-que je nomme charlatanisme ? Le fait dans un but quelconque (servir une cause ou une idée, arrondir ses fins de mois,...) de rapprocher des faits vrais ou vraisemblables sous prétexte d'apparente similitude ou plus simplement parce que tout serait lié à tout, et d'en tirer des lois, des prévisions, ou toute chose censée influer sur la vie des hommes. Prenons des exemples simples. Celui qui prétend que le ciel mythique des astrologues est une représentation de la réalité des constellations est un ignorant ou un plaisantin. Celui qui présente un lien entre cette fantaisie et le devenir humain, un déterminisme, est un charlatan. Et celui qui appui sa critique du monde, au lieu de rechercher entre les phénomènes des rapports de cause à effet, sur des liens par analogie et correspondance (sans percevoir la différence entre corrélation et causalité) voit son sens critique s'inhiber. Par là, volontairement ou non, il tend à devenir un charlatan, radical certes mais charlatan tout de même. Ce charlatanisme radical est d'autant plus dangereux qu'il est à la fois séduisant et sécurisant. Séduisant, puisqu'il permet de "montrer" à la demande exactement ce dont on a envie, à la manière de fées de contes de notre enfance qui proposaient d'accomplir nos vœux les plus chers. Sécurisant, puisqu'il dispense de vraiment réfléchir sur les "choses en fonction de leur signification et de leurs effets présents"."

Citation du texte anonyme "Une critique du radicalisme à la petite semaine", trouvé, un peu par hasard, sur différents sites :

- https://www.plusloin.org

- http://www.geocities.ws/hemeis2003/pi92_petitesemaine.html

- http://lelaboratoire.over-blog.com/article-une-critique-du-radicalisme-a-la-petite-semaine-51804716.html

 

Les références de ce texte sont marquées par leur époque. Mais le terme de "radicalisme à la petite semaine" s'applique si bien à ceux qui aujourd'hui prétendent avoir une pensée critique parce qu’ils se parent d'une idéologie anti-ceci ou anti-cela.

 

mardi 17 décembre 2024

LETTRE DE SIMONE WEIL À NATALIA TROTSKI (Présentation de la pièce)

Circonstances et lieu.



Marseille. Quinze septembre 1940. 

Simone Weil (1909-1943) et ses parents sont réfugiés à Marseille avant de devoir fuir la France pour échapper aux nazis. Ils logent au 8 rue des Catalans, face à la plage. 

Dans ces circonstances parvient la nouvelle de l’assassinat de Léon Trotski, au Mexique, commis par un agent des services russes. Elle désire exprimer ses condoléances, ou au moins sa sympathie, à la veuve, Natalia (1882-1962). Les deux femmes ne se sont rencontrées qu’une fois, le 31 décembre 1933. Ce soir-là Simone a reçu le couple, ainsi que leurs enfants, chez ses parents rue Auguste-Comte à Paris. Simone et Léon se sont ensuite croisés à plusieurs reprises, jusqu’à l’expulsion de France de ce dernier en juin 1935.

Mais au moment de se mettre à écrire, elle ne peut évacuer un trait dominant de leurs échanges : ils furent conflictuels et marqués par les oppositions entre Simone et Léon. Cette difficulté la conduira à se remémorer les situations qu’elle a traversées durant les années ’30 et les engagements de cette période.

NB. Cette lettre est imaginaire, même si Simone Weil a probablement été informée de l’assassinat de Léon Trotski, 







Personnage.

Simone, la trentaine, est habillée sans recherche.


Une page de la pièce "Lettre de Simone Weil à Natalia Trotski.

Prologue.

Intérieur simple, composé principalement d’une table occupée par des papiers dispersés et d’une chaise. Simone entre en parlant, se dirige vers la table et s’assoit.

Il faut que j’écrive. 

Lui écrive. 

Juste deux mots. Quelques phrases. Lui dire… 

Lui dire quoi ? 

Dans de telles circonstances. Un assassinat  ! 

Dont je ne connais que les détails morbides rapportés dans les journaux depuis un peu plus d’une semaine.

Une lettre, c’est la moindre des choses, mais qu’est-ce que je peux bien raconter à la veuve.

Une femme que je connais mal. 

Rencontrée… une fois … une seule.. à peine quelques heures.

Le 31 décembre 1933. 

Comme si on faisait la connaissance de quelqu’un en une soirée ! 

C’est surtout avec lui, avec Léon, que j’ai discuté ce soir-là. Si on peut appeler ça une discussion. 

Avec qui j’ai débattu. Controversé plutôt. 

Le courant est mal passé entre nous, c’est vrai. 

Avec elle. Enfin avec lui aussi. Différemment.

Mais surtout avec elle. 

Lorsqu’elle est arrivée, qu’elle est entrée, un pas derrière son mari,  je me suis dit : « Celle-là, elle est habillée en bourgeoise ». 

Une réflexion injuste. 

Stupide même, vu la situation. 

Mais après tout j’avais 24 ans… pas un âge où fait dans la dentelle. 

Elle était vêtue simplement. Avec un de ces chapeaux comme en portaient alors beaucoup de femmes. 

Pas « en cheveux », comme on disait. 

Pas du tout le genre salopette ou bleu de travail. 

Le contraire de moi, quoi.

Quelle importance, habillée comme ceci ou comme cela. Et quel rapport avec cette lettre ?

Je vais écrire à une femme dont le mari est mort. Vient d’être assassiné, il y a quelques jours. Un coup de piolet au sommet du crâne. Avant de mourir dans ses bras, le lendemain à l’hôpital.

Surtout éviter de dramatiser. Trop dramatiser. De rajouter de la détresse à la détresse.

Écrire simplement, à une personne croisée dans le passé. Qui depuis a été contrainte à s’éloigner, pire s’exiler. Et qui vit aujourd’hui une situation dramatique. Bouleversante. 

Lui dire… Ça me viendra en écrivant.

Une chose que je déteste, ce sont les lettres de condoléances. Je n’en ai jamais rédigé aucune jusqu’ici et j’espérais ne jamais m’y sentir obligée. 

Sans doute, le plus délicat est de commencer. 

Par quoi ?

Le plus direct est d’évoquer le seul moment partagé. Ce dernier jour de 1933.

(...)


mercredi 28 février 2024

LES EAT-MED FÊTENT LE PRINTEMPS DES POÈTES (22-23 mars 2024)




J'aurai le plaisir de participer aux deux tables rondes du 22 mars (Théâtre Transversal 19h30) et du 23 mars (Théâtre des Carmes 15h).
Entrée libre pour ces deux manifestations.