Mardi 7 octobre 2014. Hier, il pleuvait,… Demain, il pleuvra,… Quand à aujourd'hui !
Il faut du courage pour mettre le nez dehors, surtout s'il s'agit d'assister à un court spectacle (?) intitulé Rencontre avec Tadeusz Różewicz. Ceci en référence à un poète/auteur polonais, décédé il y a quelques mois, dont tout ce que je sais est que je n'en ai jamais entendu parler (caractéristique peu personnelle !). Rien qu'au titre, on sent venir la démonstration intello-soporifique ! Les critères incitant à se bouger ne sont qu'indirectement liés au spectacle (??) lui-même. Il s'agit d'une représentation du Cratère d'Alès en décentralisation à Anduze (5 mn en voiture !). Et elle est due à la Compagnie Machine Théâtre, une des meilleures de notre région, qui n'a pas pour habitude de secréter l'ennui ou l'indifférence.
Première surprise, une audience numériquement correcte, bien que composée de spectateurs visiblement aussi ignorants que moi de ce à quoi ils viennent assister.
Deuxième surprise, le spectacle lui-même.
Avant de débuter, quelques mots du metteur en scène de Machine Théâtre, Nicolas Oton, situant l'auteur, sa poésie et son théâtre, le désir de le faire connaître. Référence au théâtre de l'absurde et à Beckett. Beckett auquel on ne peut s'empêcher de penser tout au long du spectacle. A commencer par le magnétophone qui débite des poèmes de l'auteur, tellement semblable à celui de La dernière bande. On découvre une poésie directe, sans mièvrerie et pleurnicherie. Petite crainte au bout du troisième poème. Je me souviens de mon ennui à une représentation de La dernière bande,… qui semblait ne vouloir jamais s'arrêter de défiler. Et si j'allais revivre ce soir cet ennui ! Heureusement, il n'en est rien. Après quelques poèmes "sonores", c'est un des comédien qui prend la parole et nous fait partager, sans emphase et avec une grande sincérité, le trajet poétique de Różewicz. Aux antipodes de ces "poètes" qui pensent que l'on peut faire de la poésie dans un environnement confortable, à coup de "bons" sentiments, de "belles" images, de clichés et de métaphores ampoulées. On est ici au coeur de la plaie,… plaie qui saigne ou qui cicatrise mais qui reste toujours apparente.
Et puis mon imagination fait ressurgir l'image de Beckett dans la dernière partie de la soirée. Un souvenir remonte, celui de Fin de partie, et de "ma" poubelle de laquelle, il y a pas mal d'années, je suivais de jour en jour l'évolution des rapports entre Hamm et Clov. Les deux personnages de la pièce de Różewicz sont de la même trempe, si semblables et si différents de ceux de Beckett,… Le même enfermement.
Quand la lumière se rallume dans la salle, je suis content d'avoir non seulement "rencontré" mais découvert un auteur, une écriture,… En attendant de compléter la découverte par la représentation de La sortie de l'artiste de la faim — même auteur, même compagnie — dans un peu plus d'un mois.
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