mercredi 27 mars 2013

Théâtre de l'Est Parisien : Chronique d'une mort annoncée 4

"Le premier jour. Je suis arrivé dans le grand hall juste en sortant de table. On s'est retrouvés sur la scène.
Quelle émotion… ça creuse !!!
J'ai dû reprendre une collation en rentrant. J'ai tenu le coup jusqu'à la fin du trimestre où on nous a collé tout autour avec des gens au milieu qui nous regardaient. C'était pas mal. Surtout après quand on est remonté. Y'en avait partout, du solide et du liquide… à se rendre malade.

Le deuxième trimestre a été plus calme. Sauf le jour où il y a eu encore des gens qui sont venus. Moins que la première fois… Heureusement, sans ça il n'y en aurait pas eu assez pour tout le monde.

Le plus dure ça a été le troisième trimestre… Régime spartiate. Jusqu'au grand soir, l'estomac serré. Un p'tit remontant, pour se donner du coeur au ventre, et il va falloir rentrer.
J'inspire un grand bol d'air. J'hésite un instant et j'avance en entendant confusément cette voix derrière moi : "Allez vas y… Y vont pas te bouffer".

m.c., TEP 18/04/94 (durant une séance de travail avec MIchel Azama).

"Avant de décrire comment la folie des salamandres allait conduire à l'enterrement de la planète, il faut parler de cette saison 1993-94. Le dire c'est bien, le faire frise l'impossible tant cette année fut intensément vécue par des individus qui… ne vivaient pas nécessairement la même chose ! Je ferai donc ce que l'on fait souvent lorsque l'on se trouve confronté à un problème trop imposant, je le découperai en rondelles. " (Chronique d'une mort annoncée 3)

Quitte à me redire, pour comprendre ce qui suit il faut se reporter aux articles précédents. Ceci étant dit...

Saucissonnons, Saucissonnons,…

… Mais cette fois-ci, saucissonnons sur les aspects positifs de l'aventure. Beaucoup plus difficile que de dégager le "moins positif". Ce qu'il y a de meilleur dans une aventure,… c'est qu'elle ait lieu. Et qu'elle ne se casse pas la figure en cours de route. Ces deux conditions ont été remplies. Chacun y a trouvé un peu de ce qu'il cherchait. A posteriori, ceci me suggère une réflexion. Non seulement je saucissonne… mais je disgresse. J'ai depuis remarqué qu'il y a des conditions optimales pour qu'une expérience théâtrale - réunissant un groupe plus ou moins important - aboutisse (1). Ainsi lorsque sont réunies une douzaine de personnes. Le nombre de participants est suffisant pour une "dynamique de groupe", et pas ingérable par excès (un trop grand nombre de participants génère souvent des abandons). Un ou deux encadrants suffisent pour manager un tel groupe. On travaille finalement à l'économie. D'autre part, des expériences plus ambitieuses peuvent réunir une cinquantaine de participants motivés. Les besoins sont ici différents : plusieurs encadrants (représentant si possible différents "métiers" du théâtre), un lieu stimulant - et quoi de plus stimulant qu'un "vrai" théâtre,… et des subventions permettant à l'édifice de fonctionner. Nous étions typiquement au TEP dans ce dernier cas de figure. On peut souhaiter à tout comédien ou apprenti-comédien de se trouver un jour embarqué dans une telle folie collective ! Que dire d'autre  !

A ce stade, il peut être nécessaire de dire un mot du contenu de ce que furent nos séances de travail. A première vue, rien de strictement original. Training, exercices plus ou moins "classiques". Ces exercices avaient souvent (mais pas systématiquement) pour but de stimuler un "état", des sentiments, débouchant sur une écriture rapide (à la limite de l'écriture dit automatique) de quelques phrases ou d'un texte court. Parfois, et de plus en plus, l'écriture se voulait plus élaborée. Les séances s'apparentaient alors à des ateliers d'écriture (avec Michel Azama, p.ex.). Ecriture et jeu pouvaient aussi alterner, l'un aidant à construire l'autre. Quelques fois, les paroles prononcées durant des improvisations furent enregistrées puis retranscrites. J'en ai retrouvé quelques traces. Comme généralement en "impro" le texte est faible, parfois insipide, quelques petites phrases percutantes pouvant sortir du lot. Tout ceci était organisé autour de "thèmes", et avec une structuration pouvant varier d'une séance sur l'autre. Système très lourd dans son fonctionnement, demandant, en plus des intervenants, un secrétariat spécifique. Encore une fois, le contenu reflétait tout autant la spécificité de la cinquantaine de stagiaires, que la diversité des intervenants, et que la "magie" du lieu théâtral. Vouloir le décrire plus en détail serait le trahir. J'illustrerai plutôt cette brève description par quelques photos prises sur le vif ! (2)

(1) J'exclue de ce terme "expérience" le montage d'une pièce qui a ses prérequis spécifiques, qui concerne un nombre fini d'individus et un "casting" découlant du texte monté. 

(2) Je peux avoir quelques difficulté… avec le temps, à associer noms et visages. Je suis preneur d'informations complémentaires.


Assis : Guillaume Pons, Cathy Corréa, X, MC. Debout : Angelina Lugrin.
Henri Dorothé, Cathy Corréa, Isabelle Dauriac, MC.Avec Guillaume dans la salle de répétition du TEP.


lundi 25 mars 2013

LE BLUES DE LA MENAGERIE DE VERRE… SUITE

WE WANT MORE…
WE WANT MORE…

Puisque vous insistez, quelques morceaux utilisés pour la bande sonore de La Ménagerie de Verre:


Tom : De quoi parliez-vous ?
Amanda : De choses importantes qui arrivent dans le monde ! Jamais rien de grossier, de commun ou de vulgaire…





Laura : Je suis…infirme !
Amanda : C’est absurde ! Laura, je t’ai dit de ne jamais, jamais prononcer ce mot. Voyons, tu n’es pas infirme, tu as juste un petit handicap - qui se remarque à peine d’ailleurs ! Quand les gens ont un léger défaut de ce genre, ils le compensent en cultivant d’autres dons - ils font valoir leur charme - leur vivacité et… leur charme ! C’est tout ce que tu as à faire ! Ah, pour ça, ton père en avait, lui du charme... ! 




+ quelques photos (pas toujours très nettes !) prises en cours de travail.


mercredi 20 mars 2013

MISSISSIPPI BLUES...

"C'est le regret pour un Sud qui n'existe plus et les forces qui l'ont détruit qui inspirent mon écriture. Le Sud avait un mode de vie dont je me rappelle à peine: une culture faite de grâce et d'élégance, pas une société qui repose sur l'argent, comme c'est le cas dans le Nord. J'écris sur le Sud car je pense que la guerre entre le romantisme et ce qui lui est hostile y est particulièrement dure.

It is out of regret for a South that no longer exists that I write of the forces that have destroyed it. The South had a way of life that I am just old enough to remember - a culture that had grace, elegance, not a society based on money, as in the North. I write about the South because I think the war between romanticism and the hostility to it is very sharp there." (Tennessee Williams)

C'est une aventure de près de deux ans qui vient de s'achever. Près de deux ans d'errance imaginaire dans le delta du Mississippi à tenter de servir le texte de Tennessee Williams - La Ménagerie de Verre - tout en restant fidèles à nos choix artistiques. Puis le samedi 16 mars la dernière représentation. Une salle bien remplie dans un village d'environ 700 habitants, Ners, au coeur du Gard. Fidélité à notre démarche. Refuser l'idée que de vrais et beaux textes de théâtre n'aient pas droit de cité dans des petites communes. Que d'heures passées ces derniers mois à tenter de créer un véritable espace théâtral dans ces lieux dits polyvalents, à les habiller de sons et de lumières. Que d'efforts, entre-coupés de découragements, depuis... les premières lectures à haute voix, la recherche des personnages, les premiers croquis du décor finissant généralement à la poubelle. La recherche d'illustrations sonores conformes à l'encrage de la pièce dans le Sud, avec ses "blues-ladies" : Irene Scruggs, Memphis Minnie,… Depuis les premières répétitions hasardeuses à la lumière des néons, les soirées torrides du mois d'août dans des esquisses de décors en carton installés dans le foyer communal de Tornac, septembre et les dernières répétitions sur la scène de la commune du Rousson… où allaient se dérouler générale et première de la pièce.
Dimanche matin, 17 mars, le décor était démonté pour la dernière fois. Trop récent pour que le blues s'installe… A peine le temps de commencer à réfléchir à de nouveaux projets ! Mais peut-être pas trop tôt pour en dire deux mots.
A propos de "mes" comédiens essentiellement : Elodie, Louise, Pierre et Vincent (par ordre alphabétique). Ceux qui ont vu le spectacle connaissent la qualité de leur travail. Et ceux qui l'ont vu plus d'une fois ont constaté l'approfondissement de leur jeu au cours du temps. Ils peuvent être fiers d'eux. Ils ont montré, y compris à ceux qui feignent de ne pas le savoir, que l'on peut être un véritable artiste… sans pour autant vivre (ou survivre) de son art. Artisans des mots et des sentiments. Tension vers un professionnalisme dans le sens le plus noble du terme… l'art de la comédie. Sans cela notre projet se serait effondré. Sans oublier des moments importants : les repas, de gourmands et gourmets,  partagés avant chaque représentation,… et accompagnés de bienfaisants verres de rouge ! 


 Comme le fait dire Tennessee Williams à Tom (c'est à dire à lui-même) : "La pièce est faite de souvenirs". Plus je plongeais durant ces mois dans le texte, plus cette phrase, simple en apparence, me paraissait cruciale. Le jeu sur tout ce que l'on nomme les souvenirs, la mémoire, tous ces rêves éveillés, et dans bien des cas ces mensonges arrangeants… Ce mentir vrai ! Au coeur du théâtre ! Ce sera pour ce qui me concerne une sorte de prolongement de "La ménagerie…" d'approfondir ce thème dans les mois à venir. Solitude de l'écriture ? Partage de la représentation théâtrale ?

On the road again ! Et puisqu'il faut bien conclure, je le ferai en citant la présentaiton que fait d'elle même une des plus brillantes et dynamique équipe théâtrale de notre région (Machine Théâtre), qui pourrait s'appliquer à ce que nous avons recherché durant ce spectacle :

 « un chœur de solistes » qui souhaite promouvoir les œuvres d’hier et de demain, en cherchant au plus près comment et pourquoi les servir aujourd’hui.

vendredi 8 mars 2013

Billets culturels d'Anduze: La bonne nouvelle de Michel Caron…

Phil Gaussent : Billets culturels d'Anduze: La bonne nouvelle de Michel Caron…:


En ce début d’année plusieurs ouvrages évoquant notre cité, directement ou indirectement, sont parus sous les plumes d’auteurs locaux. Cela démontre bien une fois de plus, et aujourd’hui dans le domaine littéraire, qu’Anduze abrite une diversité culturelle et dynamique où professionnels et amateurs peuvent se partager avec un égal bonheur le plaisir d’entreprendre et montrer ainsi en même temps tout l’intérêt qu’ils ont pour leur Porte des Cévennes…

En ce début d’année plusieurs ouvrages évoquant notre cité, directement ou indirectement, sont parus sous les plumes d’auteurs locaux. Cela démontre bien une fois de plus, et aujourd’hui dans le domaine littéraire, qu’Anduze abrite une diversité culturelle et dynamique où professionnels et amateurs peuvent se partager avec un égal bonheur le plaisir d’entreprendre et montrer ainsi en même temps tout l’intérêt qu’ils ont pour leur Porte des Cévennes…
Caramba ! Aujourd'hui je vais d’abord avec ce billet féliciter le narrateur mexicain du livre intitulé «  Qu’est l’Espingouin devenu ?  ». Venant compléter une première version plus courte, écrite il y a quelques années, tout l’attrait de cette importante nouvelle réside à mon sens aux portraits savoureux et fouillés des personnages centraux de l’histoire. Mais la première performance de l’auteur est bien d’avoir réussi à établir un lien cohérent entre tous ces acteurs, aux profils si différents, pour construire ce texte ! La géographie des diverses situations n’est pas anodine et si le nom d’Anduze n’apparaît jamais c’est que cela participe du mystère entretenu au fil des pages… ou peut-être bien aussi de l’esprit taquin de l’écrivain, allez savoir ! S’il est vrai que quelques fois les nombreux renvois sont assez longs pour être susceptibles de vous faire perdre le fil conducteur du récit, ils contribuent aussi de façon pertinente à mieux bâtir et préciser l’environnement, sinon le décor, de chaque intervenant. De la blonde fille à papa au cynique et prétentieux Jean-Paul, en passant par de tout aussi intéressants seconds rôles, la galerie est plutôt piquante ! Mais j’avoue que mon préféré reste quand même ce sacré Robert et sa façon de s'exprimer délectable. Au diable l’Espingouin, pour moi le vrai héros de cette affaire c’est lui !
A propos d’affaire, celle-ci mériterait bien d’être à suivre : monsieur Michel Caron, à quand une adaptation pour le théâtre ou le cinéma ? Car, tout à fait entre nous, cette nouvelle ressemble bougrement à une première étape de sa préparation !…