jeudi 14 mai 2020

La Chemise : note d'auteur.


Pièce : La Chemise.

Note d’auteur.

1. Contenu :

La Chemise… Un titre qui évoque des faits concrets de l’époque dans laquelle nous vivons :
- Un mouvement social de 2015, durant lequel la chemise d’un DRH avait été arrachée. Ceci se passait à Air-France et avait entrainé le procès de plusieurs salariés, parfois licenciés. Pour une part des medias, le scandale n’était pas alors que des personnes se retrouvent sans emplois,… mais que la chemise d’un cadre ait été déchirée lors de sa fuite.
- Le phénomène dit de mondialisation qui touche particulièrement le secteur de l’habillement. On sait que cette dénomination recouvre le déplacement de la production vers des pays où les salariés touchent des salaires de misère, dans des conditions parfois proches de l’esclavage.

La comédie « La Chemise », se déroule dans une petite entreprise familiale de confection de chemises où tout le monde se connaît. L’entreprise compte trois salariés, dont deux ouvrières. Dans la novlangue contemporaine, on dirait plutôt « opératrices », simples variables d’ajustement déqualifiées
C’est lors des vœux annuels de la direction qu’est annoncé un « plan social », qualifié de nouveau pas en avant pour l’entreprise. À partir de là, le climat se dégrade jusqu’au geste sacrilège : l’une des ouvrières va déchirer la chemise de l’unique (petit) cadre de l’entreprise. Cet incident va induire des comportements pouvant se retrouver dans des situations variées : rapports de domination et de pouvoir, attitudes face à des conditions difficiles (ici, risque de se retrouver sans emploi) constituant des sources potentielles d’affrontement,… révélant l’avenir désespérant qui attend les protagonistes.

2. Aspects formels :

Le rythme de la pièce est celui d’une comédie. Une fable sans morale pour six comédiens (4F, 2H) qui met à jour la gravité et la fausseté tragique des rapports sociaux dans lesquels se débattent les personnages.

Elle s’adresse à un public large qui peut être touché par cette situation ou une situation semblable, sans rechercher pour autant la facilité. Elle peut se prêter autant à une mise en scène élaborée qu’à de petites formes (interprétation sur un plateau nu… ou sans plateau du tout, lectures théâtralisées et maquettes,…).
Elle tolère donc un minimalisme au niveau des moyens nécessaires : une simple rangée de portemanteau peut par exemple constituer la totalité du décor et les éclairages peuvent suffir à isoler les forces en présence.
Les didascalies suggèrent, à partir du moment où les antagonismes sont apparus, une constitution progressive de deux groupes : l’un autour d’Antoinette (la jeune ouvrière victime du « plan social »), l’autre autour d’Isidorine (la directrice de l’entreprise). Au cours du déroulement de la fable, une difficulté pour les autres personnages sera de choisir à quel « groupe » ils doivent se rattacher.

3. Références

Le texte de la pièce est édité et diffusé par les Éditions Les Mandarines (http://lesmandarines.free.fr).

L’affaire de la chemise arrachée d’Air France


lundi 11 mai 2020

VOLEUR : note d'auteur.

Pièce: Voleur.

1-3 F, 2 H

Personnages :

Georges, à la fois l’auteur Georges Darien et son personnage.

Charlotte, jeune femme brune, cousine de Georges.

L’abbé Felix La Margelle

Renée, femme du monde, rousse.

Geneviève, femme entretenue, blonde.


Les 3 femmes ne se rencontrent jamais.


Note d’auteur.

1. Contenu :
La pièce « Voleur » est très librement inspirée du roman « Le Voleur »[1] ainsi que d’éléments biographiques concernant l’auteur Georges Darien.
« Le Voleur » est l’histoire d’un homme, tôt orphelin, confié à un oncle et tuteur qui le gruge. Pour se venger et se procurer de l’argent, il décide de se faire cambrioleur.

Des liens entre cette œuvre de fiction et des épisodes de la vie de Darien ont été supposés, mais jamais établis. Il a encouragé ces doutes en cultivant les zones d’ombre et en traçant de lui-même un portrait sans complaisance. Ainsi, dans Les Pharisiens, il se décrit ainsi :  "C'était une sorte de barbare intolérant et immiséricordieux. Il avait été très malheureux déjà, à différents titres. Et de la compulsion de ses souvenirs douloureux, il était entré en lui une grande haine des tortionnaires et un grand dégoût des torturés. De sorte qu'il lui arrivait de souhaiter ardemment le bonheur des misérables, tout en restant convaincu le plus souvent que la seule chose méritée qu'il pût leur advenir était d'être, de temps en temps, massacrés en masse. »

Dans la pièce, cette ambiguïté est totalement assumée : l’auteur (celui qui écrit l’histoire) et « Le Voleur » sont un même personnage. On trouve dans cette pièce un récit haut en couleur et des choix cohérents avec le roman :
 critique des rapports sociaux de domination et de pouvoir,...
2. Aspects formels :
Le texte est constitué de 14 fragments s’enchaînant selon la chronologie du récit. À l’exception du prologue, chaque fragment comporte deux personnages. La durée des enchaînements doit être la plus courte possible.
La pièce autorise une mise en scène minimaliste, sans décors multiples ou mises en place complexes. Les indications figurant au début de chaque fragment sont des pistes de recherche d’atmosphères et en aucun cas des indications scéniques. Une même simplicité est souhaitable pour d'éventuels accessoires.

3. Références sur Georges Darien (né Georges Hippolite Adrien) et son œuvre :

Un site très complet consacré à Georges Darien. Non seulement des informations biographiques, mais une bibliographie bien documentée.

Contient un résumé des chapitres du roman.

Interview de Jean-Claude Grumberg à propos des textes de G. Darien.


Texte de « Le Voleur ».



QUELQUES LIGNES DU PROLOGUE

GEORGES, seul et se parlant à lui-même — L’événement.
La cause de tous les mots…

Face public. Sourire de l’homme.

Les mots d’un homme d’honneur.
Qui ne craint pas de s’exprimer à haute voix. 
Qui sait vivre quand les autres végètent, marcher quand ils prennent des attitudes. Agir quand ils fonctionnent. 
Vivre à sa guise quand désirs et appétits sont réglés à l’avance. 
Sans toujours y réussir.
Cet homme, je l’appellerai… Georges (il se désigne lui-même). 
Bonne famille. 
Promis à un avenir radieux. 
Mais… il y a toujours un mais… 
Un événement qui barre la route.
Orphelin, il est spolié. Par un homme d’ordre, bien aimable et à l’égoïsme civilisé pour les étrangers. Une brute pour ses proches.
Je le nommerai… « mon oncle ». 
Tout est prêt pour faire partager l’écœurement qui a jalonné ma vie. Et les fruits de mon imagination qui ne sont pas moins repoussants.
Et que personne ne vienne me taxer de faussaire ou d’inventeur. 
Que l’on dise cela d’un Dumas, qui ne fut pas plus mousquetaire que Zola ne conduisit de locomotives. 
Mais pas de moi ! 
Quand j’ai écrit sur le bagne militaire des bataillons d’Afrique, je savais de quoi je parlais. J’y avais observé comment le besoin de servitude peut l’emporter sur le besoin de liberté...







[1] Seuls quelques personnages ou situations ont été conservés et des éléments non issus du roman ont été utilisés.

vendredi 1 mai 2020

Cinq minutes autour du polar

À propos du polar "Le sang sèche vite".

Extrait de l'émission "La voix au chapitre" du 10 octobre 2016 (Radio Grille Ouverte). Michel Caron répond aux questions de Jean-Paul Pascal.