lundi 30 septembre 2013

1994 : MAL DE MER SUR TERRE FERME


Théâtre de l'Est Parisien : Chronique d'une mort annoncée 6


Pour une fois, je permute titre et sous titre dans cette chronique. Non pas que l'année de grâce 1994 aurait vu les vautours de la "culture" renoncer définitivement à leurs projets. Simplement parce que le temps de la représentation est sans doute le seul où l'on peut s'abstraire (au moins essayer) des aspects négatifs du contexte pour se consacrer au spectacle. Ce qui suit ne comportera donc aucune réflexion à posteriori, mais se limitera à une sorte de reportage mêlant extraits du textes et photos (prises généralement les derniers jours de répétition). 

Pour plus de détails "techniques", je renvoie au site Les Archives du Spectacle.

Un dernier mot avant de commencer sur le sommaire, chronologique, de cette chronique :
1 - 1983-1986 : Dans la jungle de la ville
2 - 1993 : Soixante-dix-huit salamandres en folie
3 - 1993-1994 : L'enterrement de la planète au scalpel
4 - 1993-1994 : Saucissonnons, saucissonnons,…


Nous somme donc à la première, le 19 juin 1994.

PROLOGUE

- Tout, tout de suite, de l'argent !
- De l'argent !
- De l'argent !
- Tout, tout de suite, mon lifting !
- Tout tout de suite ; tout, tout de suite pour moi, pour moi et rien pour les autres !
- Tout tout de suite, on arrête !



L'ENTERREMENT

- On ne sait pas ce qui se passe. Une armée de curieux déferle sur le Père-Lachaise. On ne sait plus où les mettre. On en attend encore des milliers et des millions !
- … toute la planète s'est donnée rendez-vous au Père-Lachaise. Les porteurs d'uniforme sont comprimés dans les premiers rangs.
- Il peut à grand flots. C'est comme une sorte de bourbier. On ne sait plus qui est quoi et quoi est qui !
- Une rumeur circule. On va porter la Terre en terre…




BUFFET

- J'ai envie de sel sur ta peau.
- J'ai envie d'avoir envie.
- Je veux pas mourir, je veux juste vieillir.
- Enfin, ce qui est sûr, c'est que tout ce monde attend avec impatience le moment de se jeter sur la nourriture. La mort, ils s'en fichent pas mal… Moi aussi, d'ailleurs !
- Bon anniversaire Max.







SOUPER

- … Autour de moi, des taches noires, corps gras luisants, trapus, grouillant derrière les tables qui font aller et venir leurs mandibules dans un bruit infernal. On ne s'entend plus. Sous moi, j'entends nostalgique les cris d'une gamine, ce celles qui volent au dessus des pavés, écrasée, laissant écouler de son corps frêle un jus verdâtre.
- Cacher son incompétence. Garder la confiance de ses supérieurs. Ne pas montrer qu'on ne comprend rien ; juste sourire.



FOLIE ET ENFERMENT
Les rêves

… Moi, je suis le fils de mon père. Mon père c'est un naze. Il se lève tous les matins à 5 heures. Il bosse aux chemins de fer. Il inspecte les ballasts le long des voies ferrées. Quand il estime qu'il en mon un peu, il en rajoute, et quand il y en a trop, il en enlève. Il consigne tut sur un calepin. Vous parlez d'un boulot !
Et ils sont des dizaines de milliers à travers la France à comptabiliser les ballasts le long des voies ferrées. Mon père m'a proposé de venir bosser avec lui. Je suis allé poser ma candidature, ça a fait un heureux, mon père…




… ET POUR BOUCLER… QUELQUES PHOTOS EN VRAC :