lundi 13 juillet 2015

GermanopratIN Avignon 2015

GERMANOPRATIN AVIGNON

Question combien de fois entendue : "Ah, vous allez au Festival d'Avignon ? Mais vous allez au IN ?". Pas le temps d'expliquer pourquoi je n'y ai plus mis les pieds depuis de nombreuses années. Et puis il n'ont qu'à y aller voir ! Bien malins s'ils arrivent à découvrir dans la ville quelque chose qui indique qu'il s'y déroulerait un machin nommé "Festival d'Avignon IN". J'ajoute IN pour la forme, puisque bien entendu ils n'y a qu'un seul Festival d'Avignon. Les mille trois cent et quelques autres spectacles qui se déroulent quotidiennement ne sont que du bruit de fond.

J'exagère, un Festival doit se dérouler, quelque part, puisqu'un programme imprimé est disponible à l'Office du Tourisme et dans les hôtels. Y compris dans les hôtels où vous et moi pouvons descendre. Et où ne risquons pas de croiser justement des gens du IN. Nous n'habitons pas sur la même planète.

Restent deux possibilités si l'on veut en savoir un peu plus :

1 - Croiser un valeureux explorateur qui a assisté à UN spectacle du IN. Ça se fait. Le lendemain matin il est généralement réfugié, le visage fatigué, dans l'espace petit-déjeuner de son hôtel. Il peut être prof de français, parfois à la retraite, ou autre chose du même niveau social. Comme il fait partie de la catégorie de spectateurs qui ont payé leurs places, il est resté jusqu'au bout, même s'il s'est ennuyé à mourir. Dans ce cas, il racontera, à ses collègues ou amis qui l'ont rejoint, le spectacle des sièges qui se sont vidés durant la représentation. Des sièges d'invités qui n'ayant rien payé n'ont pas jugé nécessaire de lutter contre l'endormissement.

2- Se plonger dans le "programme", nous dirons celui de 2015 concocté par Monsieur Olivier Py. Celui qui se définie en toute modestie comme acteur, chanteur, écrivain poète et passeur de poètes, prenant tous les chemins possibles pour rencontrer une réponse fugitive à l'inquiétude latente.
Première évidence. Le théâtre est le parent pauvre de ce Festival. Il  est vrai qu'aujourd'hui pour prétendre répondre à l'inquiétude latente, il faut être philosophe et/ou chorégraphe. Pas un vulgaire théâtreux. La philosophie n'est-elle pas la chorégraphie de l'âme. À moins que ce soit l'inverse… Ou encore mieux performeur ou performeuse. C'est si joli la "performance", si IN dans la société marchande.

Mais comme vous ne lirez pas le dit programme, dont on ne saurait dire s'il est plutôt insipide ou plutôt désolant, j'ai glané au hasard un petit florilège de ce qui constitue la pensée GermanopratINe. Tout ceci un peu au hasard. Je n'ai pas fait une lecture exhaustive. Qui s'y risquerait !

PETIT FLORILÈGE DU PROGRAMME GERMANOPRATIN AVIGNON 2015.

"JB ouvre un horizon à travers une expérimentation langagière, une transe, une prophétie où le corps animé de forces contradictoires, entre déesse et esprit malin, se prête à toutes les transgressions. Elle défiera les mauvais esprits, cannibalisera le sens en jouant avec des corps métaphoriques" (p. 12)

"FPLL est une performance de théâtre documentaire construite à partir de textes de mouvements, d'images, de postures, de sons et d'archétypes prélevés dans le réel… RR et ses complices - la performeuse anglaise JA, le breakdancer français MG et le conférencier lotharingien GMH - nous propose un voyage poético-documentaire qui s'autorise nombre de pauses sur les images anecdotiques que nous ne pouvons zapper." (p. 14)

"Le questionnement politique sur la ségrégation sociale de la ville, les formes de la reconnaissance, la place de l'art dans l'espace public préparent une expérience mystique, existentielle, la découverte d'une énergie primitive et brute." (p. 19)

"Amour ; Assis sur des coussins ; Barthes Roland ; Basket-ball ; Béatitude ; Botanique ; Chorégraphie ; Coeurs intelligents ; Compréhension ; Courir ; Danse, la ; Dessin ; Éléments; Écrire des chansons ; Étend entendu ;…. (je saute un paquet de lignes !)… Sens, fabriquer du silence ; Surdité ; Symétrie ; Temps ; Texte, comme communication, comme partition, comme texture ; Titres, concevoir des ; Traduction ; Unisson ; Unités ; Woolf, Virginia;" (p. 33)

"L'histoire évidemment musicale, peut-être même opératique, s'appuie sur la question de l'accord et du tempérament de Pythagore. Son paradoxe : le cycle de quintes qui le fonde est impossible à clore. Un comma manque à la dernière. Le rapport mathématique est parfait et pourtant, dans son application, le cycle se décale en spirale" (p. 36)

Et pour finir en beauté, le "Vivier de noms" de Valère Novarina, coqueluche des salons théatroïdes.

"Le Vivier des noms est d'abord le tire d'un carnet de Valère Novarivna… S'y sont accumulés ce que l'auteur appelle logaèdres, logolithes, logogrammes et anthropoglyphes, une multitude de noms de personnages qui prolifèrent parfois d'eux-mêmes et qui jouent dans l'espace et dans le corps des spectateurs… En 1986, sa première mise en scène, Le Drame de la vie, laissait déjà libre cours au déploiement de 2587 noms, dans une entrée perpétuelle. Aujourd'hui, en cinquante deux scènes, ces "esprits verbaux", ces mille objets seront émis, énoncés, projetés, hasardés, risqués dans l'air par onze cents personnages appelés par leur noms- mais qui ne se montreront pas tous." (p. 15)


À quelques siècles de distances, à quoi vous fait fait penser ce jargon :
- Les médecins du Malade imaginaire ? Mais qui joue alors le rôle de Monsieur Purgon ? Et qui est Diafoirus ?
- Les Précieuses ridicules ?
- Autres (à compléter par vous mêmes),...