Mémoires d'avant l'exil, p. 41.
Deux personnes réelles que j'ai mêlées à la trame romanesque de Mémoires d'avant l'exil.
"En juillet 1936, j’étais à Paris, je n’aime pas la guerre ; mais ce qui
m’a toujours fait le plus horreur dans la guerre, c’est la situation de
ceux qui se trouvent à l’arrière. Quand j’ai compris que, malgré tous
mes efforts, je ne pouvais m’empêcher de participer moralement à cette
guerre, c’est-à-dire de souhaiter tous le séjours, toute les heures, la
victoire des uns, la défaites des autres, je me suis dit que Paris était
pour moi l’arrière, et j’ai pris le train pour Barcelone dans
l’intention de m’engager. C’était au début d’août 1936. " (Simone Weil, Lettre à Georges Bernanos, 1938.)
« Le sort en est jeté, je vais au front moi aussi, je l’ai demandé expressément. Je crois que je ne reviendrais pas, mais cela est sans importance, ma vie a toujours été amère et le bonheur n’existe pas. Le bonheur n’a pas de visage, il n’a pas d’armoiries et pas de couleurs et je ne l’ai pas su trouver. J’avais des trésors de tendresse, des désirs qui n’étaient pas la souffrance des autres et je n’ai pas pu donner assez et je n’ai rien reçu, tristesse ! Vais-je apprendre à tous ces furieux qu’ils méprisent la seule chose vraie, la seule !...la vie qui respire, celle qui consiste à voir les bourgeons éclore, le soleil se lever et les étoiles au ciel. Le bonheur ! Vous ne savez pas comme je l’ai cherché, je m’en souviens à peine moi-même ; dans les livres graves, dans les lits douteux, dans la simplicité des choses. Enfin je vais partir, le bonheur ! C’est peut-être le repos des âmes éteintes. » (Extrait du Journal de Georgette Kokoczynski, septembre 1936.)
https://caronmichel.blogspot.com/2018/01/memoires-davant-lexil.html
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