mercredi 29 mai 2013

LA PENSEE DU JOUR :(29 MAI 2013) : A WESKER


LE THÉÂTRE AUSSI EST UN OUTIL DE RÉFLEXION : CITATIONS DE LA TRILOGIE D'ARNOLD WESKER (AUTEUR ANGLAIS 1932-2016)

"LA TRILOGIE" d'Arnold Wesker est - bien entendu - constituée de trois pièces largement autobiographiques : La Soupe de poulet à l'orge (Chicken Soup with Barley, 1958) ; Racines (Roots, 1959) ; Je parle de Jérusalem (I'm Talking about Jerusalem, 1960). 
Elle offre une peinture du vingtième siècle qui nous transportent successivement (1936-1959) à Londres dans une famille ouvrière juive originaire d'Europe centrale; dans l'Angleterre profonde d'une famille d'ouvriers agricoles du Norfolk; puis dans la tentative d'un jeune couple retiré dans le nord-est de l'Angleterre de vivre autre-chose au travers d'un travail artisanal beau et créatif à la manière de William Morris. Cette tentative sera un échec la logique du système finissant par l'emporter. Ces citations (de Soupe de poulet à l'orge) sont prononcées par la fille de la famille, Ada, ex-militante active des jeunesses communistes, dont le fiancé (Dave) s'est engagé dans les brigades internationales en Espagne. A la fin de la guerre, c'est ce jeune couple qui se retirera pour  tenter une vie en rupture avec la civilisation industrielle.

"Maman, je suis fatiguée. J'ai passé dix-huit mois à attendre que Dave revienne d'Espagne et cela fait maintenant six ans que j'attends qu'il rentre de cette guerre contre le fascisme. Je suis fatiguée. Six ans jour après jour dans des bureaux à vérifier des livres de comptes et à travailler avec des filles - de pauvres idiotes qui se tartinent de rouge à lèvres et passent leur temps à glousser. et pour Dave c'est pareil - il dit qu'il se battait aux côtés d'hommes qui ne savaient pas pourquoi ils faisaient la guerre. Loin de leurs femmes il se comportaient comme des bêtes. En réalité ils voulaient échapper à leurs femmes pour pouvoir se comporter comme des bêtes. Donne-leur une autre guerre et ils y retournent en courant. 
(...)
La seule société pourrie, c'est la société industrielle. Elle oblige un homme à se mettre sur la tête puis elle lui fait croire que c'est comme ça qu'il est bien! 
(...)
Vous ne vous êtes jamais élevés contre la jungle de la société industrielle. Vous n'avez jamais voulu en détruire les valeurs - seulement vous les approprier. Le seul crime pour vous ce n'est pas qu'un homme passe toutes ses journées devant une machine, c'est qu'il n'en soit pas le propriétaire. Seigneur! La gloire d'être propriétaire d'une machine!
(...)
Quelle arrogance te permet de dire que tu peux réunir un milliard de personnes dans une seule théorie? C'est une arrogance énorme, gigantesque, prodigieuse, égoïste, tu ne trouves pas?"



mardi 28 mai 2013

LA PENSÉE DU JOUR (28 MAI 2013) : F NIETZSCHE

CITATION DE FRIEDRICH NIETZSCHE (1844-1900)


Lettre à Malwida von Meysenbug, 25 octobre 1874

"Par chance je suis dépourvu de toute ambition politique ou sociale, en sorte que je n'ai à craindre aucun danger de ce côté-là, rien qui me retienne, rien qui me force à des transactions et à des ménagements ; bref j'ai le droit de dire tout haut ce que je pense, et je veux une bonne fois tenter l'épreuve qui fera voir jusqu'à quel point nos semblables, si fiers de leur liberté de pensée, supportent de libres pensées."


lundi 27 mai 2013

LA PENSEE DU JOUR (27 MAI 2013) : M. JOLY

UNE CITATION DE MAURICE JOLY (1829-1878)


Dans cette citation, Maurice Joly mets dans la bouche de Machiavel sa propre réflexion sur les méthodes de gouvernement des hommes d'Etat modernes (à son époque Napoléon III).

"...Avec des sociétés nouvelles, il faut employer des procédés nouveaux. Il ne s’agit pas aujourd’hui, pour gouverner, de commettre des iniquités violentes, de décapiter ses ennemis, de dépouiller ses sujets de leurs biens, de prodiguer les supplices ; non, la mort, la spoliation et les tourments physiques ne peuvent jouer qu’un rôle assez secondaire dans la politique intérieure des Etats modernes... Ecoutez-moi et vous en jugerez. Il s’agit moins aujourd’hui de violenter les hommes que de les désarmer, de comprimer leurs passions politiques que de les effacer, de combattre leurs instincts que de les tromper, de proscrire leurs idées que de leur donner le change en se les appropriant… On parle souvent aujourd'hui de la puissance de l'opinion, je vous montrerai qu'on lui fait exprimer ce qu'on veut quand on connaît bien les ressorts cachés du pouvoir. Mais avant de songer à la diriger, il faut l'étourdir, la frapper d'incertitude par d'étonnantes contradictions, opérer sur elle d'incessantes diversions, l'éblouir par toutes sortes de mouvements divers, l'égarer insensiblement dans ses voies…"


D'après " Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu" (1864)


dimanche 26 mai 2013

LA PENSEE DU JOUR :(26 MAI 2013) : W. MORRIS


UNE CITATION DE WILLIAM MORRIS (1834-1896)

Pour vous mettre l'eau à la bouche et inciter ceux qui n'ont jamais rien lu de W. Morris à la découvrir, le premier paragraphe du texte "L'âge de L'ersatz" (il s'agit d'une conférence donnée en 1894 dans un quartier populaire de Manchester).

"De même que l'on nomme certaines périodes de l'histoire l'âge de la connaissance, l'âge de la chevalerie, l'âge de la foi, etc..., ainsi pourrais-je baptiser notre époque "l'âge de l'ersatz". En d'autres temps, lorsque quelque chose leur était inaccessible, les gens s'en passaient, ne souffraient pas d'une frustration, ni même n'étaient conscients d'un manque quelconque. Aujourd'hui en revanche, l'abondance d'informations est telle que nous connaissons l'existence de toutes sortes d'objets qu'il nous faudrait mais que nous ne pouvons posséder et donc, peu disposés à en être purement et simplement privés, nous en acquérons l'ersatz. L'omniprésence des ersatz et, je le crains, le fait de s'en accommoder forment l'essence de ce que nous appelons civilisation."

D'après : WILLIAM MORRIS: L'ÂGE DE L'ERSATZ et autres textes contre la civilisation moderne (Éditions de l'encyclopédie des nuisances)




mardi 7 mai 2013

Théâtre de l'Est Parisien : Chronique d'une mort annoncée 5

Pour s'y retrouver dans cette chronique consulter :

1 - 1983-1986 : Dans la jungle de la ville
2 - 1993 : Soixante-dix-huit salamandres en folie
3 - 1993-1994 : L'enterrement de la planète au scalpel
4 - 1993-1994 : Saucissonnons, saucissonnons,…

1994 : La colle et les ciseaux

"Le montage de l'ensemble sera effectué dans les ultimes semaines. L'équipe d'animation prépare le sien, les stagiaires le leur, les deux propositions finales convergent facilement, étant guidées par la qualité de certains textes et scènes que tous gardent à l'esprit depuis leur création." (Philippe Ivernel, Sur les processus d'improvisation collectives dans les ateliers de création du TEP (1993-1994)

Que ceci est beau et simple… Mais revenons un peu en arrière. Comme décrit précédemment, le travail effectué au TEP en 93-94 conduisit à l'accumulation d'un matériau disparate et volumineux : simples phrases, textes plus ou moins élaborés, fragments plus ou moins déchiffrables griffonnés sur une page, retranscriptions de dialogues enregistrés,… Ceci censé constituer la base d'un ensemble cohérent, pouvant être livré à un public. Devant une telle tâche, une méthode bien connue : "la colle et les ciseaux". On découpe, on classe, colle, re-découpe, on écarte une partie sans la jeter tout de suite, et ainsi jusqu'à obtenir un résultat sensiblement satisfaisant. Démarche classique… mais d'une difficulté proportionnelle au nombre de participants. Le plus simple eut été que ceci soit confié à une petit noyau, trois ou quatre personnes au maximum, voire à une seule. Rien de choquant, en particulier si le ou les rédacteurs avaient une expérience reconnue en écriture théâtrale. J'ignore comment fût prise la décision finale mais, comme cité plus haut, elle consista en l'élaboration parallèle de deux projets. Et il fallait aller vite !  D'une part, objectivement le temps pressait. Et d'autre part, il y avait de fait une concurrence entre les deux élaborations en cours. Si le document de "l'équipe d'animation" était achevé alors que celui des "stagiaires" était balbutiant, ce dernier se trouvait plus ou moins disqualifié. Seule issue, y consacrer nos soirées. Enfin celles d'un noyau disponible et motivé. Résultat : les deux projets étaient bouclés dans un temps record. Mais… on pouvait s'y attendre… différents. Frémissement ! Que faire ? Chaque groupe avait (bien) travaillé,… et était prêt à défendre le résultat de son travail. Il y eu disons,… un petit moment de malaise. Pas la convergence facile dont parle Philippe, ni une crise ouverte chacun désirant mener le projet à bien. Retour donc à la colle et aux ciseaux pour aboutir à une synthèse. Soixante dix pages répondant au titre "Mal de mer sur terre ferme", divisé en 12 "tableaux" : Prologue, Enterrement, La curée, Buffet, Souper, Le noir, Le banquet en "U", Le zoo, Folie et enferment, Les coursives, Les yaourts, Choeur parlé.

Il restait à transformer ce montage en spectacle. George Werler allait diriger mise en scène et en espace avec l'autorité et l'exigence qui le caractérisent (ce n'est pas une critique), avec l'assistance de Francis, Jacques et Michel. Démarche classique, indispensable. Réto, lui laissait les mains libres. Il avait une "maison" à gérer, d'autant plus que les nuages de ce que j'ai nommé une "mort annoncée" commençaient à se profiler à l'horizon. Mais tout ceci est une autre histoire sur laquelle je reviendrais. Pour l'instant, deux photos illustrant "la colle et les ciseaux", avant une série d'autres sur le spectacle.

De G à D : Louise R. Caron, Isabelle Dufrene, Laurent Contamin,  Fabienne Fontaine.

De G à D : Angelina Lugrin, X, Francis Henriot, Louise R. Caron