mercredi 20 mars 2013

MISSISSIPPI BLUES...

"C'est le regret pour un Sud qui n'existe plus et les forces qui l'ont détruit qui inspirent mon écriture. Le Sud avait un mode de vie dont je me rappelle à peine: une culture faite de grâce et d'élégance, pas une société qui repose sur l'argent, comme c'est le cas dans le Nord. J'écris sur le Sud car je pense que la guerre entre le romantisme et ce qui lui est hostile y est particulièrement dure.

It is out of regret for a South that no longer exists that I write of the forces that have destroyed it. The South had a way of life that I am just old enough to remember - a culture that had grace, elegance, not a society based on money, as in the North. I write about the South because I think the war between romanticism and the hostility to it is very sharp there." (Tennessee Williams)

C'est une aventure de près de deux ans qui vient de s'achever. Près de deux ans d'errance imaginaire dans le delta du Mississippi à tenter de servir le texte de Tennessee Williams - La Ménagerie de Verre - tout en restant fidèles à nos choix artistiques. Puis le samedi 16 mars la dernière représentation. Une salle bien remplie dans un village d'environ 700 habitants, Ners, au coeur du Gard. Fidélité à notre démarche. Refuser l'idée que de vrais et beaux textes de théâtre n'aient pas droit de cité dans des petites communes. Que d'heures passées ces derniers mois à tenter de créer un véritable espace théâtral dans ces lieux dits polyvalents, à les habiller de sons et de lumières. Que d'efforts, entre-coupés de découragements, depuis... les premières lectures à haute voix, la recherche des personnages, les premiers croquis du décor finissant généralement à la poubelle. La recherche d'illustrations sonores conformes à l'encrage de la pièce dans le Sud, avec ses "blues-ladies" : Irene Scruggs, Memphis Minnie,… Depuis les premières répétitions hasardeuses à la lumière des néons, les soirées torrides du mois d'août dans des esquisses de décors en carton installés dans le foyer communal de Tornac, septembre et les dernières répétitions sur la scène de la commune du Rousson… où allaient se dérouler générale et première de la pièce.
Dimanche matin, 17 mars, le décor était démonté pour la dernière fois. Trop récent pour que le blues s'installe… A peine le temps de commencer à réfléchir à de nouveaux projets ! Mais peut-être pas trop tôt pour en dire deux mots.
A propos de "mes" comédiens essentiellement : Elodie, Louise, Pierre et Vincent (par ordre alphabétique). Ceux qui ont vu le spectacle connaissent la qualité de leur travail. Et ceux qui l'ont vu plus d'une fois ont constaté l'approfondissement de leur jeu au cours du temps. Ils peuvent être fiers d'eux. Ils ont montré, y compris à ceux qui feignent de ne pas le savoir, que l'on peut être un véritable artiste… sans pour autant vivre (ou survivre) de son art. Artisans des mots et des sentiments. Tension vers un professionnalisme dans le sens le plus noble du terme… l'art de la comédie. Sans cela notre projet se serait effondré. Sans oublier des moments importants : les repas, de gourmands et gourmets,  partagés avant chaque représentation,… et accompagnés de bienfaisants verres de rouge ! 


 Comme le fait dire Tennessee Williams à Tom (c'est à dire à lui-même) : "La pièce est faite de souvenirs". Plus je plongeais durant ces mois dans le texte, plus cette phrase, simple en apparence, me paraissait cruciale. Le jeu sur tout ce que l'on nomme les souvenirs, la mémoire, tous ces rêves éveillés, et dans bien des cas ces mensonges arrangeants… Ce mentir vrai ! Au coeur du théâtre ! Ce sera pour ce qui me concerne une sorte de prolongement de "La ménagerie…" d'approfondir ce thème dans les mois à venir. Solitude de l'écriture ? Partage de la représentation théâtrale ?

On the road again ! Et puisqu'il faut bien conclure, je le ferai en citant la présentaiton que fait d'elle même une des plus brillantes et dynamique équipe théâtrale de notre région (Machine Théâtre), qui pourrait s'appliquer à ce que nous avons recherché durant ce spectacle :

 « un chœur de solistes » qui souhaite promouvoir les œuvres d’hier et de demain, en cherchant au plus près comment et pourquoi les servir aujourd’hui.

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