samedi 5 janvier 2013

De dialogues en diablogues (1984-1985)

"Jouer la comédie pour quelqu'un, c'est essayer de lui faire comprendre qu'il n'est pas là" (Roland Dubillard)
" On a l'obsession de Dionysos. Chacun se raconte à sa manière son histoire du théâtre. Chacun se l'invente. Ça l'aide pour agir. Moi, je me suis inventé l'idée que le théâtre est né dans une espèce de grande beuverie, où trois mecs un peu éméchés se sont mis à jouer et que les autres ont applaudi en regardant" (Cie Le Théâtre de l'Unité, in Programme de Feux d'Automne, 1984)

 Rentrée 1984. Deuxième année au TEM, toujours sous la responsabilité de Michèle Bisson qui, suite à l'expérience positive du Bastringue l'année précédente, a désiré retrouver ses anciens. Rentrée toute particulière pour l'ensemble des élèves et pour l'établissement : Le Théâtre Ecole de Montreuil a 20 ans cette année (1964-1984). A cette occasion une manifestation qui va durer 3 mois est organisée. Feux d'automne : 21 compagnies, 24 spectacles, 7 créations. Soirées animées et nuits folles !

D'emblée, nous sommes mis en face du "big-boss", Jean Guerrin, ce qui n'est pas courant lorsque l'on est pas sous sa responsabilité directe. Formation rapide aux "événements de rues" qui doivent ouvrir cette période. Après avoir rapidement revêtu quelques oripeaux plus ou moins grotesques (photos ci-dessous), nous nous transformons en enquêteurs sur la voie publique. A proximité de la Mairie de Montreuil nous sommes munis d'un questionnaire et chargés d'enquêter sur un "projet" qui reviendrait à détruire la dite Mairie. Les passants sont à la limite plus étonnés par notre accoutrement que par nos questions. On voit tant de chose de nos jours ! Quelques-uns argumentent, trouvant que ce serait du gâchis de démolir un bâtiment visiblement en excellent état.







Sondage
d'opinion
dans le cadre
des 20 ans
du TEM. Les
enquêteurs :
photos 1 et 2,
M. Caron.
Photo 3 :
L.R. Caron.

Notre enquête n'était qu'un avant-goût d'autres évènements : Le Mariage (Théâtre de l'Unité), partant du centre ville et se terminant en grandes pompes à la Mairie et… l'embrasement de la Mairie (Nuits Blanches évènements) prise d'assaut par des êtres étranges mi-spéléologues mi-hommes-grenouilles…

… Et puis deux mois de théâtre avec entre autres Philippe Avron, le Café de la Gare, et la Comédie Française (Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu). Puis pour reprendre son souffle : la fête du 20° anniversaire au centre des expositions de Montreuil :
" Un moment de convivialité débridée où l'on pourra côtoyer le nain et le géant, s'asseoir à la table des grands de ce monde ou s'isoler auprès des plus humbles… Une fête pleine de surprises et d'imprévus… Avec en prime quelques animaux exotiques…" (Programme de Feux d'Automne).
Les spectateurs commençaient par traverser un grand hall d'exposition parsemé d'attractions, avant de se répartir dans différentes salles pour un dîner "théâtralisé". Nous étions en charge d'un des groupes de convives. Pas les plus gâtés. L'accueil d'abord. Si une partie d'entre nous avaient une attitude effectivement accueillante, les autres fuyaient tout contact et se refusaient à répondre à d'éventuelles questions. Les plats ensuite. Ceux-ci devaient n'utiliser que les couleurs noir et rouge… Le résultat final n'était pas un sommet de la gastronomie !

Il ne restait plus alors que quelques semaines jusqu'à la fin '84, pour assister au dernier spectacle programmé et pour nous consacrer plus pleinement aux cours du TEM.

Pour notre groupe, 1985 fut l'année Roland Dubillard. Les Diablogues, interprétés par Claude Piéplu et l'auteur, avaient été créés 10 ans auparavant au Théâtre de la Michaudière. Edités en 1976, ils avaient été depuis peu (ou pas ?) repris. Michèle Bisson eu l'idée de profiter des différents "lieux"(y compris les toilettes, la réserve des accessoires,…) des locaux du TEM pour en faire un spectacle "itinérant" au sein du bâtiment, différents groupes de spectateurs se déplaçant d'un point à un autre en suivant un guide (chacun était tour à tour guide et comédien). Bon moments pour les spectateurs… et pour nous qui exceptionnellement pouvions assister au travail de nos camarades en (presque) position de spectateurs.





Les Diablogues au TEM (1985). 1 : Affiche du spectacle. 2-5 : Tragédie Classique (UN : L.R. Caron, DEUX : M. Caron). 6 : Salut final avec l'ensemble des comédiens.


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